11 octobre 2006

Un logiciel anti-plagiat provoque la colère des étudiants américains

Un logiciel anti-plagiat provoque la colère des étudiants américains


Technologie - Le logiciel anti-plagiat Turnitin, qui détecte les mémoires et les devoirs réalisés à partir de copier-coller ou de paraphrases maladroites de documents dénichés sur Internet, séduit de plus en plus de lycées et d’universités américains et provoque la colère des étudiants.

Un nouveau logiciel permettant de détecter les plagiats, Turnitin, sème la terreur sur les campus américains et provoque la colère des étudiants. Avec Internet, la recherche de références pour nourrir une dissertation, associée à la pratique du copier-coller, dérive parfois vers des emprunts abusifs. Une pratique également très répandue chez certaines compagnies qui proposent aux étudiants, moyennant rétribution, des devoirs clés en main rédigés en un temps record. Ce phénomène est suffisamment répandu pour que certains professeurs de lycée, y compris en France, rechignent à donner à leurs élèves des dissertations à rédiger chez eux ou notent avec un coefficient supérieur celles qui sont effectuées en classe.

Selon une enquête réalisée cette année auprès de 60.000 étudiants américains par Donald McCabe, un professeur de management de l'université Rutgers de Newark, dans le New Jersey, 37% d'entre eux reconnaissent avoir «pompé» certaines portions de leur mémoire trimestriel ou de fin d'année sur le Web, alors qu'ils n'étaient que 10% en 1999. Ils sont 3% à admettre avoir téléchargé des devoirs entiers qu'ils ont soumis tels quels à leurs professeurs. Et une large majorité (77%) ne voit pas le mal qu'il y a à faire des emprunts sur Internet. «C'est tellement évident, tellement facile, tellement anonyme», concède le professeur McCabe à l'agence Reuters.

Un autre enquête réalisée l'année précédente par le CAI (Center for Academic Integrity) estimait pour sa part à 60 % la proportion d'étudiants qui s'adonnent à certaines formes de plagiat grâce à Internet.

Une base de données de 22 millions de textes

Le logiciel Turnitin, dont de plus en plus d'universités américaines acquièrent la licence, s'appuie sur une base de données de plus de 22 millions de textes, rapports, articles et comptes-rendus de toute provenance, avec lesquels il établit des comparaisons pour détecter les plagiats ou les paraphrases un peu trop grossières. Cette base s'enrichit par ailleurs au quotidien des 60.000 devoirs qui lui sont soumis pour vérification par les 6.000 institutions académiques de plus de 90 pays qui l'utilisent. Ainsi, même le plagiat des devoirs d'autres étudiants peut-il également être détecté.

Les étudiants ne voient pas d'un bon oeil la généralisation de cet usage. Dans certains établissements, ils doivent soumettre eux-mêmes leur travail au système Turnitin avant de le rendre, avec le certificat d'originalité qui leur a été attribué. Au lycée de McLean, en Virginie, ils ont été près de 1.200 à signer une pétition contre cette obligation, qui leur vaut un zéro pointé s'ils ne s'y soumettent pas. Ils soulèvent également le problème du respect de la propriété intellectuelle de leurs travaux, qui sont réutilisés à des fins commerciales par Turnitin, sans leur autorisation ni aucune forme de compensation.

Dans le compté de Fairfax, où se situe ce lycée, les trois-quart des établissements secondaires sont équipés de ce système, dont la licence est facturée 80 cents par étudiant, pour un coût moyen annuel de l'ordre de 30.000 dollars. Turnitin compte également parmi ses clients l'université de Georgetown et le lycée universitaire du Maryland.

Source : Zdnet

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